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L’INTERACTIVITE COMME PRESSE-BOUTON DEBILE OU COMME INSTRUMENT POUR CHANGER LE MONDE ?

par Fred Forest.

 

Il serait vain de tenter de saisir l'aventure artistique dans laquelle sont engagés les artistes, qui ont intégré à leur mode de faire la pratique des réseaux de communication et l'interactivité sans, en même temps, prendre en compte les conditions épistémologiques nouvelles dans lesquelles sciences, philosophie et art évoluent de concert. Si nous le négligions, nous serions en situation de considérer leurs oeuvres au même titre que les oeuvres de conception traditionnelle, alors qu'elles sont le résultat, non seulement d'un dispositif différent, mais surtout d'un mode de penser "autre". Un mode de penser dans lequel on n'est plus dans une problématique de la contemplation des apparences, mais dans la dynamique du « comment émergent les choses », -et la révélation des mécanismes qui les font apparaître ?

Ces mécanismes étant des configurations dynamiques, d'ordre systémique dans lesquelles la pratique artistique cherche et trouve ses point d’application et de réalisation. Dans cette perspective la position de l'artiste se donne comme une position "volontariste". On ne peut comprendre le monde qui si, simultanément, on le construit...Si on est pleinement engagé dans ce processus de création (de construction). En conséquence de quoi : le monde ne peut s'appréhender que comme un projet mis en actes ! Les conduites de l'art, autrefois circonscrites au domaine du symbolique, deviennent alors des actes réels, dans des contextes donnés, de certains espaces définis de l'information. Des propositions, mises en oeuvre avec les autres, dans des modes interactifs qui, dans le surgissement continu du sens, créent des espaces symboliques. Des espaces de rencontres singuliers et inédits.

Dans les arts de l'interactivité le destinataire potentiel n'est plus simple spectateur de l'objet proposé, il en devient coauteur. Dans ce scénario l'artiste est toujours porteur de représentations en soi, mais ce ne sont pas des représentations prédéterminées. Elles naissent, on pourrait dire "émergent" au gré des connexions et des flux conjoints d'informations, qui s'actualisent au fur et à mesure dans le réseau. L'oeuvre devient un champ ouvert à de multiples possibilités, susceptibles de développements imprévus. A un moment donné, quand les participants se rejoignent, on obtient alors: coproduction de sens.